« Dans l’œil de la réforme éducative »
En pleine polémique sur les rythmes scolaires, les esprits s’échauffent et chacun aiguise ses couteaux pour la bataille à venir que l’on croit à chaque fois finale. On constate à chaque fois que les enseignants sont payés en loisir et non en monnaie sonnante et trébuchante et l’on finit par trouver à juste titre qu’il bénéficie d’un statut bien particulier dans la fonction publique. Les vacances scolaires et leur défense sont devenues avec l’aide des entreprises du loisir un dogme à ne pas ébranler.
Ces « vacances » du travail ne sont dans les textes qu’une exonération de service ! On comprend l’enjeu pour ce corps constitué en termes d’argent et de qualité de vie si l’on renie en même temps le salaire et le temps libre. L’état est donc confronté à la terrible logique budgétaire européenne pour régler un problème social particulièrement aigu. L’inflation des diplôme pour être instituteur à de quoi faire réfléchir lorsque l’on sait comme le dit Guillaume Malaurie que la pédagogie peut s’acquérir sur le tas. On peut du reste devenir pâtissier ou boulanger pour ses loisirs, pourquoi pas prof ?
Le mythe de la toute-puissance de l’instituteur est mis à mal par l’émergence des nouvelles technologies et de la formation en ligne. Tout parent ou adulte sachant lire et écrire avec sérieux et compétence peut enseigner dans une école. Tout professeur ou instituteur peut aussi devenir journaliste avec le même souci d’efficacité et d’exactitude. Le monde professionnel !gagnerait à être echangiste .Une richesse communicative pour les élèves et profitable au renouvellement des motivations.
L’école ne profite pas assez des aidants, car elle est durablement enfermée dans un carcan pédagogique de classe qui donne majoritairement aux bons élèves les postes protégés de la fonction publique. Les élèves n’ont devant eux que des modèles d'autosatisfaction reproduisant aveuglément les habitus de leur rang.
La discussion sur les vacances et le temps scolaire n’aurait pas lieu d’être aujourd’hui si les instituteurs étaient paisiblement protégés des attaques extérieures et entourées par des parents aidants et des personnels accompagnants. La réalité est tout autre ,les vacances sont devenues la bouée de survie d’une profession qui étouffe sous le caporalisme de sa hiérarchie et la multiplication des réformes qui s’accumulent aux rythmes des changements ministériels sans pour autant donner aux équipes éducatives une liberté contrainte, mais expressive .
Contrainte par des exigences nationales, expressive par la liberté de l’appliquer selon le champ d’application. L’école n’est pourtant pas obligatoire et face à ce désamour croissant entre la société et l’Éducation nationale, on ne comprend pas pourquoi les intéressés n’ont pas pris en main le sauvetage du bateau en difficulté. Le métier d’enseignant ne perdrait pas de son panache s’il était ouvert à la concurrence, sous réserve de répondre à un minimum d’expérience et de savoir faire. L’école manque de fenêtre et aucune réforme, venant de la plus grande bureaucratie européenne ne pourra faire avancer le bateau ivre tant qu'il n'y aura que des profs.
Igor Deperraz
photo N.L.