Le marchand de ballons
L’été s’est installé durablement sur l’Europe comme pour nous rappeler que nous ne sommes durant l’année que l’ombre ou le soleil de nous même. Tout est merveilleux, les bordures de routes et les chemins non carrossables. Les rivières et les poissons qui frétillent, l’oiseau qui tombe du nid. On se prend à mettre un bon vieux disque sur une platine disque comme pour conjurer cette modernité qui nous impose l’automne universel. Derrière la pile poussiéreuse gît entre deux Moustaki, un disque des industries musicales et électriques Pathé Marconi. Bécaud à l’Olympia. Le temps de déposer le papier cristal et de lancer le tourne-disque et déjà la voix de Monsieur 100 000 volts nous plonge 50 ans en arrière dans cette France de la joie de vivre. Un frigo, une salle de bain, une 4 CV et une tente Trigano et l’Eté se donnait pour quelques sourires. Quelques vendeurs de ballons faisaient rêver des milliers d’enfants en culottes courtes pour une pièce de 5 francs en alu.
Mais j´attends avec impatience
Que revienne l´été aux chansons
Puisque l´été c´est les vacances
Et que je suis marchand de ballons
Et que je suis marchand de ballons
L’autoradio à lampes diffusait quelques chansons sur les ondes de Paris inter et l’on n’oubliait surtout pas d’emporter des bonbonnes pour faire le plein d’eau de refroidissement. C'était le temps Bécaud, le temps des cravates à pois et des costumes de variété.
Ce n´est pas que ça me rapporte
De quoi construire ma maison
Mais j´ai des joies de toutes sortes
À être marchand de ballons
À être marchand de ballons
Pendant que le saphir crie la fin de la Face A, Gilbert Bécaud finit de poser sa voix et nous rappelle que les jolies vacances sont à porter d’oreille, le temps d’un Vinyl.
Ah, les jolies vacances
quand une tante Jeanne venait.
Ah, les jolies vacances
que notre tonton se payait.
Maintenant on a grandi,
notre tonton a vieilli
et vieilli les tantes Jeanne.
Mais nous, quand on va le voir,
comme il a plus de mémoire,
on réveille les tantes Jeanne.
Alors il est tout content,
il retrouve le bon temps,
le bon temps des chères Jeanne.
Igor Deperraz