Photographies I.D.
L'algorithme entre le calendrier scolaire et l’âge de départ en retraite
Le site du Ministère de l’Education Nationale présente en ligne la réforme des rythmes scolaires, mais il présente aussi l’historique des vacances scolaires. Avant donc de comprendre de plus près la révolution de Vincent Peillon, il est intéressant de se replonger dans le calendrier de l’année 1962. Il faut voir ou revoir le film de Chris Marker, film documentaire de 1962. Le joli mai nous croque avec la voix d’Yves montant une France qui sourit au progrès, mais qui vit la modernisation forcée avec un certain scepticisme. Dans cette société de tous les changements, l’école reprend le 17 septembre et se termine le 29 juin !
Les sports d’hiver n’étant pas le lobby que l’on connaît aujourd’hui, les enfants ne disposent que d’une semaine pour regarder la pluie tombée derrière les vitres des HLM que l’on construit alors à la pelle. Les enfants d’hier et retraités d’aujourd’hui auront donc bénéficié d’une retraite à 60 ans et de plus de deux mois de vacances l’été.
Il y aurait donc un corollaire entre le calendrier scolaire et l’âge de départ en retraite. Plus on réduit le temps de vacances dans l’enfance, plus on allonge le temps de travail en fin de vie. Si l’on suit la logique du site du Ministère de l’Education Nationale qui présente un tableau comparatif européen pour justifier le passage de 144 jours travaillés à 180, la retraite devrait passer de 60 à 67 ans ! C’est ce que l’on appelle le régime de répartition.
On pourrait le rebaptiser, régime de déperdition. L’équilibre entre générations plaide pour une égalité de traitement, quelle que soit la date de naissance des citoyens. Égalité pour le temps scolaire et le temps de retraite. Plus l’État multiplie les jours travaillés à l’école, plus il allonge le temps de travail et repousse dans un algorithme manichéen l’âge de départ à la retraite. Seul un joli Mai 2018 pourrait nous sortir de ce hold-up générationnel à l’échelon européen. La réforme des rythmes scolaires de Vincent Peillon s’inscrit dans la logique de l’augmentation du temps de travail sans remise en cause des modes de production et de destruction des écosystèmes. Une croissance sans fin dans un monde fini amène à des conflits générationnels. Comme ces millions de jeunes Français en 14 18 emmener sur le front de Verdun par les anciens de 1870 , les jeunes d’aujourd’hui iront ils au front par l’égoïsme et le vieillissement des consciences .
Igor deperraz