L’abreuvoir à devoir
Depuis 50 ans, dans le primaire les devoirs écrits à la maison sont interdits. Cette intention louable et éclairée du législateur n’a pu aboutir. Elle a même fait flores puisque les parents sont mis à contribution pour faire les révisions et mettre la main à la pate lorsque le travail arrive à submerger ses destinataires. Six heures de cours pour des enfants est pourtant une durée journalière trop intense et cela fait des dizaines d’années que tout le monde partage ce point de vue sans pour autant le réduire. Si l’on peut comprendre que ce travail est une façon de faire le lien entre professeurs et parents, On ne peut prendre du temps de repos et de détente sur le dos des enfants. La position de demander 15 jours sans devoirs est importante puisqu’elle repose le cadre institutionnel. La fédération de parent espère prolonger l’essai. Par cette opération, elle entame un réel débat sur la multiplication du travail à la maison. Précurseur de la demande des entreprises à délocaliser le travail hors ses murs ; les devoirs seraient-ils des outils de conditionnement social pour contourner le droit du travail et mettre fin à la durée hebdomadaire encadrée. Ce débat est nourri de la difficulté de définir un contenant à ce temps prolongé. Poser une opération ou finir un dessin ne met pas le temps de repos de l’enfant en difficulté. Il serait donc plus pertinent que le Ministère impose au primaire un temps maximum de travail que l’on peut estimer raisonnablement à 15 minutes. Temps qui pourrait être pris en classe comme une précédente réforme sous François Bayrou l’avait imposé. L’enfance est un temps si court et si merveilleux qu’il est urgent de réfléchir à ce que l’on demande à de jeunes enfants. Des horaires qui déclencheraient des mouvements sociaux si on les demandait en proportion à des adultes. Igor deperraz