La liberté d'expression ne devrait jamais se fondre dans une minute de silence mais dans une minute intense de cris, de bruit, de tumulte , Criez !
A quoi bon être un héros ordinaire si l'on n'en a pas eu connaissance pré-mortem ?
Ce que je sais, c'est qu'un professeur d'histoire est mort sans avoir anticipé ou pensé sa mise en lumière.
Médailles, héros ordinaire ,Sorbonne , A-t-il côtoyé tous ces éloges avant ?
Ce que je sais, c'est qu'au sortir du collège, il était seul pour rentrer chez lui. Personne pour le raccompagner ! Seul avec ses tourments, ses doutes, ses peurs intimes.
Il était seul face à la mort. Seul et bien seul !
Ce n'était pas une opération commandée où l'on meurt pour la Patrie parce que l'on s'est engagé dans l'armée, Non ! C'était la fin d'une journée ordinaire ,
Ce que je sais, c'est qu'il était seul devant sa classe pour aborder un sujet qui aurait mérité une collégialité de professeurs.
Bien entendu, il fut accompagné dans ces démarches et accompagné par son administration, Pouvait- il faire front à visage découvert face à un sujet qui met le monde musulman en ébullition.
On peut toujours demander aux professeurs d'être en première ligne devant les doutes d’élèves pris dans des conflits de loyauté mais Qui a le courage ou l'audace, la témérité de brandir les caricatures à la face du monde ?
Un geste du président de la République ? Qu'il brandisse pour nous tous à la Sorbonne les caricatures de Mahomet ,Un simple geste eut suffit,
Non ! Ce sera peut être aux petits soldats de la république comme en 14 de faire la guerre des tranchées et de mourir en héros ordinaire,
Eut - il fallu faire un parallèle avec l’étranger de Camus plus qu'avec la lettre à son instituteur qui évoque, non la liberté d'expression mais l'intime relation émancipatrice du Maître d'école ?
Mais alors que l'on s’émeut de l'immédiateté imbécile des réseaux sociaux, on se précipite pour légiférer ,sans même prendre le temps du chemin d'école après une journée de classe ,
Samuel Paty pouvait recevoir aussi au delà bien entendu des médailles, des discours …
Des millions de roses ,de fleurs contres les lames ignobles .
Non pas forcement un départ au pas de la garde républicaine le soir, mais le chant des oiseaux ,la beauté des arbres en automne , la beauté du soleil levant, La lumière !
Camus écrivait dans le journal Combat le 1 septembre 1944(Résistance et politique) « Un ordre dans lequel le visage de l'homme apparaît sous une lumière drue.La politique n'est plus dissociée des individus,Elle est l'adresse directe de l'homme à d'autres hommes , Elle est un accent ,
Si la résistance doit être autre chose qu'un moment de notre histoire ,c'est qu'elle aura réussi à placer des citoyens face à face « Albert Camus ,
La liberté d'expression ne devrait jamais se fondre par une minute de silence mais par une minute de cris ,de bruit ,de tumultes ,Criez la liberté ,ne la taisez point !
Igor Deperraz