Tant pis
Qui n’ a pas, un jour, prononcé cette expression du xvi siècle en pensant à toutes les promesses non tenues . Certes, on aime à répéter que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, mais nous sommes trop soumis à la dictature du spectacle pour nous émanciper de cette forme invisible de morale du dit.
Pour nous détacher de cet artefact, il n’y a que l’engagement- cette forme d’émancipation collective qui a progressivement laissé place à la fabrication artificielle du moi tout puissant. Le faire contredit trop souvent les affirmations péremptoires que l’on prend au pied de la lettre avant même que nous ayons pu mettre en œuvre un raisonnement anticipatif.
François Hollande portait des espérances que l’on peut aujourd’hui passer à la moulinette du tant pis et un jour du temps pire. Les conférences environnementales, la fiscalité, les retraites, l’éducation. Nous entrons collectivement dans l’air du « tant pis », non par lâcheté ou manque de courage, mais parce que nous ne finissons par voir le monde sous l’angle de l’immédiateté et du bonheur éphémère.
Ce petit chez soi qui nous étouffe sous le catalogue des bonnes intentions n’est que la forme primitive de notre résignation. L’utopie créatrice et souriante ne fait plus partie de nos espoirs. Alors, tant pis si nos rêves d’émancipation portaient l’espoir collectif et individuel du vivre ensemble. L’acceptation du temps pire s’affirme comme la nouvelle citadelle de notre déclin consommé. Un pis-aller du temps qui s’efface.
Igor Deperraz