Séparation ou la politique de l’hédonisme
Le film de tous les succès de Asghar Farhadi emporte l’adhésion du public et des critiques en dévoilant avec un grand réalisme la question centrale de la mondialisation : Quelle voie doit prendre la jeunesse universelle dans ce monde ou les adultes ont cessé de penser l’avenir pour leurs enfants. La tolérance du couple moderne face à l’intransigeance du modèle traditionnel ne peut apporter une réponse satisfaisante au personnage central du film, une jeune fille de 11 ans, face à des institutions qui transigent, mentent, s’accommodent de demi- réalité, pour qui la notion de sanction n’a de sens que l’application textuelle de la loi .Le juge demande à cette enfant de décider pour ses parents de la position Politique à tenir face aux évènements. L’évitement et l’éloignement ou la résignation et son corollaire la transgression.
Alors que Téhéran semble plongé dans une apparente abondance de bien de consommation, le religieux s’effrite et ne porte plus sa parole formatée au seuil de crédibilité.
L’avenir surgit dans les yeux de ces deux enfants ,spectateurs d’un conflit millénaire de la société iranienne que l’on peut résumer dans le terme universel de lutte des classes .La réponse se dessine dans l’arrivée du générique de fin laissant au spectateur la non réponse comme action politique.
Ce film montre avec subtilité et délicatesse la lâcheté d’une génération, soucieuse d’oublier les idéologies passées pour ne penser qu’à soi .L’hédonisme en guise de projet politique. « Une séparation »est à voir avec les yeux de la pipe de Magritte .
Igor deperraz