Aubrac ? Arthur London et la mémoire
Raymond Aubrac n’est plus et c’est un peu une page de notre histoire qui se referme. L’homme avait lancé en 1941 le journal « libération ». Il avait été l’un des premiers à s’émanciper de la tutelle intellectuelle du parti communiste. Lui qui avait connu Artur London ne pouvait totalement adhérer aux procès de Prague. Curieux télescopage entre sa disparition et celle de la veuve du héros de l’ « Aveu ». Son engagement et sa détermination à porter l’héritage de la Résistance ne manque pas de panache ni de ténacité mais peut-on à l’infini perpétuer le souvenir sans exclure la France d’aujourd’hui. La guerre de 14 s’est éloigné de nos mémoires avec la mort du dernier poilu, celle de 40 prendra inexorablement le même chemin. Une France pluriculturelle qui a dans sa tète d’autres guerres et d’autres miradors. L’esprit de la Résistance ne peut devenir un nouvel évangile. L’Europe d’aujourd’hui ne ressemble en rien à celle des années trente. Ce poids de l’Histoire et de la mémoire est un frein pour la jeunesse qui doit s’inventer ses propres résistances et faire émerger ses propres héros de lutte. En refermant la page, Raymond Aubrac laisse un héritage en partage qu’il est grand temps d’utiliser. La France et les français ne peuvent vivre à crédit intellectuel. De nouveaux grands esprits comme les Aubrac sont en germe, aidons les à éclore. Igor deperraz