La piscine municipale et les gros poissons
Par 975 hectopascals, la piscine municipale est le meilleur moyen de rompre la monotonie d’un été chaleureux et un brin arrogant. L’exercice permet de partager avec ses semblables jusqu’à un litre de sueur par baigneur et quelques millilitres d’autres substances moins alléchantes. Passée, l’épreuve du vestiaire, aux ferrailles rouillées et aux odeurs de déodorant, il faut tendre sur un porte manteau ses affaires en veillant à ne pas laisser tomber sur ce chemin de Compostelle ses sous-vêtements. À ce moment précis un choix Cornélien se présente au baigneur. Passer en voleur sous la douche ou sortir sa savonnette et se décrasser la machine à muscle. En Allemagne, ne pas exécuter la toilette post-vitam vaudrait au contrevenant les hurlements de ses comparses… En France, le savon est interprété avec une certaine dose d’homophobie ! Se laver avant de partager ses excrétions naturelles limiterait pourtant le traitement chimique de l’eau. Ce simple geste de bons sens, accompagné du port du bonnet de bain aurait un impact durable sur la qualité des eaux de piscine et donc sur l’environnement. Une fois dans l’agitation du grand bain, privé de son précieux monocle, les regards se glissent le long de la ligne d’eau avec une aisance humaniste.la piscine municipale abolit les frontières traditionnelles entre les sexes et les classes sociales. Si à Berlin, il est possible de voir nager à coté de soi un chancelier ou un politique, en France, l’homme ou la femme politique ne fréquente plus le bain municipal par distinction. Pas de Martine Aubry, de Bertrand Delanoë, Sarkozy ou Tapie sur le grand plongeoir des petites vérités. La piscine municipale qui perpétue la grande tradition des thermes romains ferait –elle peur aux élus ? En privilégiant, la piscine privée de l’entre soi, la normalité fait un plat. Jean Marc A., on se fait une piscine à 2 euros ?
Igor Deperraz