Pilori de l’imprécision
Les commentateurs ou chroniqueurs de la Presse sont souvent la cible des remarques des lecteurs pour leur manque de précision. On leur reproche un manque de sérieux dans la vérification de leurs sources. Dans les dates, les noms ou en s’emballant trop rapidement sur une étude ou un rapport toxique, l’erreur annule l’information et se retourne contre celui qui a soulevé un objet de discussion.
On fait appel à la précision et à la nécessaire vérification des sources. Nous sommes aujourd’hui dans l’ère de la montre à quartz et tout écart de plus d’une seconde est frappé d’infamie.
Il est loin ce temps où il n’y avait qu’une seule aiguille sur les pendules et ou l’on remontait sa montre avec l’imprécision des rouages mécaniques. Pourtant lorsque l’on veut s’engager dans ce sens, la technicité emporte l’idée et l’on finit par ne plus penser que technique. L’or, de numéro atomique 79 est continuellement évoqué dans la Presse, « valeur refuge, rachat d’or, placement.. » Mais de quoi parle-t- on en réalité ? De l’or en circulation ? Il est généralement composé de cuivre pour lui donner de sa dureté. Les journalistes devraient donc parler de l’alliage Or-cuivre. A moins qu’il soit de 24 carats ….
En voulant toujours plus de précision et en condamnant trop rapidement l’imprécision, nous prenons le risque de voir l’information se diluer dans le grand flot médiatique qui submerge les sens. Dans l’affaire du médiator, du tabac, de ces composés radioactifs ou des OGM, Pouvons-nous attendre la rigueur de l’analyse au micron pour évoquer leurs nuisances possibles. Pouvons-nous éplucher les milliers de pages d’un jugement ou du B.o pour soulever des questions d’ordre philosophiques ou éthiques ?
Si la Presse avait les mêmes moyens que l’industrie pharmaceutique pour payer ses chroniqueurs, l’exigence de précision serait le bien venu mais dans un contexte ou le journaliste doit consulter les archives, les écrire et les vérifier lui même ; la montre à quartz fait une concurrence ou une occurrence déloyale
Igor Deperraz