Phyto ou Photo sanitaire
À partir de 2020, les produits phytosanitaires seront interdits dans les potagers ! Qu’on se le dise !, c’est le message à retenir de cette proposition de loi écologiste adoptée le 23 janvier au Parlement. Les particuliers et les collectivités locales ne pourront plus traiter les « mauvaises herbes » avec un procédé chimique. Il faudra s’habituer à voir les herbes folles et la végétation remplir les interstices des trottoirs. C’est peut-être cela là …la nouvelle révolution verte… Une révolution du regard.
Nous sommes trop habitués aujourd’hui à ne plus voir les friches et les herbes envahir ou recouvrir nos espaces publics. Si l’on voulait maintenir le paysage urbain dans sa propreté visuelle actuelle, il faudrait que les collectivités locales emploient des milliers de personnes, ce qui paraît peut probable en période de maîtrise des dépenses publiques. La ville va progressivement rejoindre la campagne et c’est un juste retour des choses. Les campagnols, les blaireaux vont pouvoir se nourrir sur les talus et les espaces recolonisés par dame nature.
La France est la première consommatrice en Europe de produits phytosanitaires, les potagers des jardins ouvriers vont reprendre aussi leur visage de terrain sauvage qu’ils avaient progressivement perdu. Loin d’être une mesure sanitaire, cette interdiction sur le territoire français aura aussi une influence sur le paysage.
Combien de monuments et sites classés vont reprendre leur allure de friche historique. Les jardins à la française vont devoir revoir leur copie et s’encanailler. Photographe, il vous reste 6 ans pour photographier le Mont-Saint-Michel dans sa légendaire propreté carte postale, après il faudra se s’habituer à voir pousser des orties au pied de la tour Effel.
Un retour à la ruralité qui finalement n’aurait jamais du quitter l’âme des centres-ville .
Igor Deperraz