Pénurie de la crise
Pénurie, un mot que l’on croyait attacher à la grande guerre refait surface dans l’Europe du 21 siècle. Aujourd’hui les œufs manquent sur le marché de l’industrie agroalimentaire, demain le gasoil manquera aux pompes et des files de plusieurs kilomètres empoisonneront le quotidien de millions d’européens. Inexorablement nous avançons vers une société du manque et du rayon vide. Un pays de l’Union européenne vit actuellement cette situation, la Grèce. Un retour en arrière qui marque le quotidien et plonge sa population dans un 19 siècle improvisé. Petit à petit, nous allons voir revenir dans les centres villes les attelages de chevaux et des ânes portant les fardeaux. Les petits métiers des rues réinventeront cette solidarité humaine que l’on rencontre sur les zones de guerre. On peut évidemment se réjouir pour l’environnement de cette décroissance imposée par le Marché si elle n’était supportée par les plus faibles et une part de plus en plus grande de la population. Les plus riches comme fuyant le navire délocalisant leur entreprise mais aussi leur patrimoine vers d’autres terres à piller. Le Brésil, l’Australie, les pays émergents tiendront ils encore longtemps devant cette pression de la demande ? Ce grand retour à la débrouillardise, et au sauve qui peut marque la fin d’un état providence et peut être de la notion d’Etat. Retrouver dans ce contexte de pénurie les gestes d’antan, les solidarités millénaires et l’Art de faire son pain est peut être ce à quoi l’école devrait préparer. Il y a peu de chances que les enfants d’aujourd’hui vivent dans la société du pétrole et de l’abondance. Construire des autoroutes, des voitures ou des grandes surfaces en périphérie relève déjà aujourd’hui du pied de nez. Les savoirs faire de demain et les gisements d’emplois se trouvent plus certainement dans la reconstruction des savoirs de l’avant pétrole que dans la société de surconsommation qui arrive à son terme.
Igor deperraz