Moutons noirs
Calamity Jane, de son vrai nom de Martha Jane Canary est la première femme à avoir pénétré dans les Blacks hills, ce territoire indien sacré contrôlé par les Sioux. Analphabètes, elle réussira à gagner la mémoire collective américaine en proposant à la fin de sa vie un spectacle romancé de ses aventures guerrières. Alcoolique et asociale, elle mourra pauvre et s’inscrira dans la philosophie politique protestante américaine.
On peut naître pauvre et mourir riche ou vivre riche et mourir pauvre dans l’indifférence générale. Elle symbolise la nouvelle perception du concept de Retraite que les milieux d’affaires essayent de transposer dans les législations européennes. En préparant progressivement les populations à franchir le cap des 60 ans et de préretraite à 55 ans, l’Union européenne adopte le concept de la prédestinée de l’individu. Si tu ne bois pas, ne manges pas de viande, ne fumes pas, ne t’exposes pas au soleil et te couches tôt, tu pourras travailler et donc être rémunéré jusqu’à 70 ans. En ne donnant pas un droit à partir en retraite à 55 ou 60 ans, nos sociétés ne peuvent que paupériser les populations âgées.
Contrairement aux politiques qui claironnent à l’abri de leur retraite spécifique que l’allongement de la durée de vie entraînera un déficit des caisses de retraite, la réalité physiologique est bien moins optimiste. Peut-on vraiment travailler après 55 ans dans les conditions de travail actuel au même rythme et à valeur constante ? Les employeurs ne s’y sont pas trompés, ils débauchent massivement ses traîne — savates qui ne manquent pas de volonté, mais subissent le vieillissement programmé du corps.
La réforme des retraites annoncée par François Hollande n’est donc qu’un protestantisation de notre projet de « vivre ensemble ». Une éthique du capitalisme contestable et non partagé par ces futurs « Calamity Jane « qui finiront alcooliques ou haletants sur un trottoir. L’espérance de vie dans de bonnes conditions en Europe va dans les prochaines années se réduire. Où sont les solidarités affichées et l’idée de répartition dans la spoliation des retenues salariales de ces 40 dernières années. La génération des années 70 serait-elle passée maître dans l’art de nous prendre pour des C...
Igor deperraz