Ménage à trois pour Dominique Bertinotti
Dominique Bertinotti n’est pas au bout de ses peines en voulant prendre à bras le corps le statut de l’enfant dans le projet de loi famille qu’elle présentera au début 2014. De quelle famille parle-t-on aujourd’hui ? Du cocon familial affrontant la tempête et les années comme dans la petite maison dans la prairie ou de la nomade recomposée qui touche aujourd’hui 1,5 millions d’enfants vivant dans 720 000 foyers recomposées selon l’INS. A cela s’ajoute l’omniprésence ou l’omniscience des 15,1 millions de grands parents qui entendent profiter de leur retraite pour donner un coup de pouce à leurs petits enfants.
Ce paysage statistique cache une grande variété de situations, alliant des pratiques et des répartitions aléatoires. De la garde partagée et organisant le temps de l’enfant toutes les quinzaines à celle faisant alternée les années paires et impaires, sans oublier la forme la plus traditionnelle alternant la visite du père tous les quinze jours sur un weekend ou des moitiés de vacances scolaires, on peut imaginer, à l’image des prénoms qui sont aujourd’hui à la carte que les enfants vivent des situations très particulières.
Au fil du temps et des années, on a pu voir apparaitre des situations bien complexes, mélangeant sous le même toit des enfants provenant de plusieurs lits comme l’expression consacrée l’illustre assez bien. La grande difficulté de ces solutions est d’apporter avec elle de grandes sources de conflits. Que se soit sur le temps de vie que la réforme Peillon tend à individualiser selon les communes ou que ce soit sur les avantages fiscaux et les pensions alimentaires qui se perdent dans les différentes conventions judiciaires, on ne sait plus très bien à l’arrivée comment démêler ce sac de nœud.
Du rêve d’une meilleure vie nait trop souvent le tumulte des contradictions. La famille est aujourd’hui centrée sur la notion d’autorité parentale partagée en excluant les autres partenaires de l’aventure. Un grand pas vers l’égalité des sexes mais une lacune dans l’organisation de la portabilité des droits de l’enfant. Comment organiser le statut de l’enfant partagé ? Faut-t-il attribuer un revenu minimum par enfant ? De multiples questions qui se télescopent avec la volonté affichée des français d’individualiser leur bonheur. Le tout étant à concilier avec la volonté des entreprises de rentabiliser leur outil de production. Travail du dimanche, Temps scolaire, temps partiel et nouvelle parentalité doivent trouver des solutions pour un ménage à trois ou plus.
Igor Deperraz