Les matchs de l'info en pro
Les matchs d’impro font salle comble partout en France, on y vient en famille pour voir s’affronter des équipes de comédiens amateurs. Ce sport cérébral, inventé à Montréal en 1977 par Robert Gravel a suivi l’évolution des techniques vidéo avec la ligue d’impro, toujours à Montréal en 1991. Aujourd’hui cette forme d’expression a sa place dans les collèges et lycées et prend aussi dans le monde de l’entreprise.
Les exercices sont codifiés et l’esprit d’improvisation ressemble beaucoup au reality show qui inonde aujourd’hui les médias. On s’exprime sur tous les sujets du temps. Écornant les frasques de François Hollande, mais aussi les écoutes aux portes. Comme ci l’on avait fait définitivement le tour de la création théâtrale, on s’invente le temps d’une soirée, une nouvelle vie d’écrivain.
Les textes brûlent parfois les doigts, on s’ouvre à la poésie, au slam , au vertige du texte , les corps se chevauchent sans tabous , on oublie les conventions sociales . Pendant que l’État n’en finit pas de régler ses comptes avec la sexualité des années 70, du mariage et de la petite morale de la fidélité bourgeoise, les esprits s’échauffent sur scène …
On se lâche comme pour oublier que le carcan social qui nous assaille du bureau de tabac à la salle de sport. Un nouvel ordre moral qui n’est pas fait pour l’homo erectus, mais pour l’homo dictatorus.
L’expression politique ne trouve plus aujourd’hui ses relais, mais cherche le chemin de l’agora à travers les sketches. On parle volontiers de tous les sujets qui fâchent sans jamais sortir le chiffon rouge, lui préférant le rideau rouge. Le théâtre sans auteur ni droit d’auteur suit- il la tendance voyeurisme de notre époque .Tout dire sur soi, tout écouter,ne rien cacher de ses angoisses ,s’exprimer sous les feux de la rampe .
Le match d’impro aura bientôt sa place dans les meetings politiques lorsque les politiques ne seront plus écrire de discours,On se livrera alors à de grandes improvisations à la manière de Jean Marie Le Pen qui a fait de ce mode d’expression une arme de haine.
L’expression de soi cache t –il le malaise de l’entre-soi ou relève -t- il de la simple jouxte verbale ?
Igor Deperraz