L addictée ,une addiction bien française.
L’écriture de la Dictée reste pour la grande majorité des français, l’exercice phare de l’Ecole communale. Passeport incontournable d’une entrée dans l’administration, elle a symbolisé pendant des années l’ascenseur social. C’est par la dictée que le certificat d’Etude primaire s’est imposé et opposé aux langues régionales. Elle a été pour les hussards noirs de la République la vague de mots bien orthographiés qui a submergé les particularismes locaux. Cet exercice avait un intérêt politique bien compris. Au temps où l‘encrier et la plume avait le monopole de l’écrit ; elle donnait à celui qui la maitrisait une agilité et une tournure d’esprit propre à cette danse graphique des pleins et des déliés. En abandonnant benoitement la plume et l’encrier, l’institution scolaire a réduit ce savoir faire à sa plus simple expression- le contrôle de la technique orthographique. La dictée ne pourra retrouver sa plénitude de sens qu’en acceptant d’y adjoindre la maitrise de la plume. Maitriser l’encre ne revient pas à sublimer un archaïsme désuet mais à placer des repères spatiaux temporels chez le jeune enfant. Pour maitriser les futures tablettes numériques, il est important que le cerveau ait dans un premier temps manipulé et visualisé concrètement l’acte d’écrire. Si la dictée reste orpheline de ses outils, il y a peu de chance qu’elle survive aux nouveaux environnements tactiles igor deperraz