Constitution à la Tunisienne
Le Monde arabe prend-il sa source en Tunisie ? On serait tenté de le croire depuis la chute de Zine al-Abidine Ben Ali. L’adoption de la nouvelle constitution le dimanche 26 janvier est une grande révolution intellectuelle dans un environnement politique dominé principalement par des forces politico-religieuses archaïques. Liberté de culte et parité homme femme sont les principales avancées dans le domaine de la libre pensée. La Tunisie s’affirme comme le fut la France de la Révolution française comme fer-de-lance du renouveau arabe.
Si rien n’est gagné et si les islamistes n’ont pas dit leur dernier mot, l’adoption de cette constitution met la Tunisie à l’abri de tout retour en arrière. Toute poussée contradictoire pourra dorénavant être mise en échec par une force d’interposition de l’ONU.
Cette constitution porte haut les couleurs de la démocratie et revers de la médaille, pousse haut les couleurs des valeurs actuelles de nos démocraties : le libéralisme. C’est bien parce qu’elle croit aux valeurs de l’économie libérale, du tourisme et de la globalisation des échanges que la Tunisie s’est dotée d’une constitution sensée attirée à elle le flot interrompu des touristes européens et des ateliers de confection.
Le printemps arabe comme le printemps de Berlin sont l’œuvre d’une main invisible portant le message universel de la globalisation des échanges. Il faudra donc rester vigilant sur cet engouement généralisé pour une constitution moderne … Stéphane Hessel nous manque pour porter son message dans le préambule de ce document juridique fondateur d’une nouvelle société. La Tunisie défendra- elle aujourd’hui le bien commun ou les intérêts des multinationales. Il en va de la crédibilité du message démocratique. Ne pas être que l’arbre qui cache la forêt… Après trois ans de tergiversation, la philosophie au sens littéral du monde arabe reprend les valeurs universelles qu’Aristote ou Saint-Augustin avait savamment posées en son sein, il y a bien longtemps maintenant …
Igor Deperraz