Faut-il tuer le temps pour éviter qu’il nous rattrape ?
L’expérience du confinement nous plonge dans l’abime du temps. Un ennui indescriptible qui nous renvoie à nous même et à notre aveuglement sur les conditions d’existence que nous faisons vivre à ceux qui sont proches de cette situation depuis des dizaines d’années.
Un soudain partage des conditions de vie d’une partie d’entre nous qui vit sous un couvre feu permanent. Il y a nos ainés confinés à vie dans des EPAHD en mal de fonctionnement, les malades, hospitalisés dans des services sous tension, les précaires confinés sous leur cartons ou tentes de fortune et les mal- logés au regard de la flambée des prix dans la Capitale.
Cette expérience peut aussi et doit-nous faire réfléchir sur la punition que l’on inflige à tous ceux qui sont incarcérés dans des prisons surpeuplés ou aux conditions du confinement usuel.
Etre seul avec soi-même pour repenser fondamentalement la notion du vivre ensemble. Une notion complexe qui nous incite à fermer les frontières, imposées des mesures qui pourraient devenir plus totalitaires comme la reconnaissance faciale généralisée.
La fermeture des frontières ou le durcicement de la libre circulation pointe l’évidence de l’échec d’une Europe régit par les accords de Schengen. On ne peut faire supporter à l’Italie ou la Grèce la gestion de migrants aux demandes de protection légitime moralement.
On ne peut comprendre que tous ces pays, unis pour enrichir une partie infime de la population prennent des mesures sanitaires en ordre dispersés, expulsent de facto les étudiants Erasmus ! S’accaparent des stocks de masque !
Toutes ces questions qui fuseront au sortir du confinement pourraient déboucher sur la redéfinition du bonheur et de la nécessité d’arrêter notre auto –destruction.
Toutes ces questions se nicheront dans le détail …Ne plus prendre l’avion pour voyager, prendre le vélo, redéfinir les conditions de travail, ne plus courir après le temps mais le vivre.
Redéfinir notre existence comme une parenthèse poétique, un champ de bienveillance les uns envers les autres .Un re-confinement des idées de « new management ». Un retour à la normal en quelque sorte. Une vie sans artifice mais avec des feux d’artifice permanent comme tous ces couchés de soleil qui nous manquent tant aujourd’hui.
IGOR DEPERRAZ