Avignon. Molière b…. t-il encore ?
Avignon n’est plus qu’une simple vitrine exubérante de la production théâtrale, c’est avant tout l' agora politique de notre conception idéologique et romantique du mot Culture. Festival Off qui au fil du temps prend le pas sur le Théâtre majuscule. Ce "In" de la subvention et de la générosité institutionnelle.
Un clivage fort de notre temps qui tend à individualiser le bien commun et externalise le risque économique sur le producteur. Dans ce grand marché du « moi », on peut croiser toutes les variations de la comédie humaine avec une foison de racontance du soi ou de l’entre soi.
Se lit alors le journal des rapports amoureux, des migrants et des thèmes brulants de l’actualité. La politique y est abstraite voir absente. On ne revendique plus la révolution ! On s’emporte plutôt sur le climat, unité conceptuelle distraite qui dissout les bonnes volontés et les bons sentiments de la jeunesse aisée
Même le n’importe quoi n’est plus un n’importe qui. Il y a … (1500 représentations où nagent de ci de là, la poésie et la sensualité.
Que nous raconte Avignon de nous-même ? Du statut des intermittents ? Des 2000 euros la location? Des logements!!! Des locations à l’heure des théâtres, du marché de la culture et de ses profits ? Le théâtre rejoint le marché de l’Art en faisant de la défiscalisation un outil de gestion des patrimoines
Le théâtre tient bon tout comme la littérature. Il est pourtant de plus en plus en proie au discours du moi au détriment du récit universel. De ce fait, la production théâtrale devient un art éphémère ou la date de péremption est inscrite sur le programme.
Le spectateur est roi et c’est bien de lui que dépend cette écriture et cette promesse de don de soi qu’exécute chaque soir le comédien pour un public exigeant. Si chacun de nous ne peut s’inclure dans la pensée de Bergson et envisager le rire sans autre formulation que le simple jeu de mots ou de la mise en forme de l'impudeur des verbes , il peut néanmoins choisir de le théâtre comme
vision politique ou poétique.
Refuser la médiocrité du bavardage pour se laisser bercer par la mélodie des enfants de Molière ?
Réveillez Molière sans prendre l’ascenseur !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Igor Deperraz