Je veux du soleil ....du verbe vouloir
François Ruffin entame son « Ruffin tour » au pas de charge …Une présentation effrénée de son film à travers le pays insoumis ..Des milliers de fans qui s’agglutinent pour voir la divinité … Ils seront ,devant ce succès inattendu, plusieurs centaines à ne pouvoir toucher l’icône .
Se contentant de la vidéo transmission .Une dame s’approche pour recevoir l’onction « après… ».Priorité au film et non au député de la France insoumise qui avoue s’est vite lassée des bancs de l’assemblée. Notre directeur de Fakir ,payé au Smic se lasse de la culture des premiers de la classe .. .Alexis Corbière ,en spectateur courtois et discret se rassure ,l’icône est bien cet esthète des mots qui survole les exaltations d’un public populaire et pas toujours raccord avec des démonstrations très subtiles . Il y a une forme d’esthétisme à la Godard dans le film de Ruffin ,une critique des zones commerciales et une remise en opposition du lien et du bien. Une vue quasi christique de la société qui tend à rapprocher la critique de la Raison pure de son compère d’enfance ,Emmanuel Macron. Le public n’émet aucune critique sur son prophète ,l’heure est à l’adoration et il faut bien avouer qu’il est adorable et plein d’empathie François .
Un facteur à la Jacques Tati qui réveille en chacun de nous nos propres lâchetés .Nous fermons trop souvent les yeux sur les frigos vides ,les laissés pour compte de la mondialisation … « Ce n’est pas un film sur le mouvement des gilets jaunes «
Alors pourquoi prendre le rond-point comme point de départ pour finir dans la cuisine de cette France qui ne mange plus à sa faim ? Entre chaque rond point une explication politique à hauteur d’homme ,avec la conviction que l’on lui connait …Du très bon Ruffin. Mais un point de vue qui reste dramatique et esthétique .Quelle ligne politique durable ? Quel modèle de société ?Les fragments d’images mettant en scène Emmanuel Macron ne sont pas objectifs et surtout ne mettent pas la pensée du Président des Français en perspective.
Des images racoleuses qui desservent l’objet du film. Le discours et les références marxistes sont bien amenées mais si loin des revendications plus triviales des habitants des ronds-points .Le film se termine avec une mise en musique très star académie de bon gout .mise en lumière ou tendresse qui nous rappelle que Monsieur Ruffin a bon gout…
Et dire qu’il ne reste plus que lui à gauche pour nous faire de beaux discours… À défaut d’être plausible ,ces sermons sur la Montagne sont salutaires pour fuir autant se faire ce peut la libéralisation de notre bien vivre ensemble .
Igor Deperraz