Téléphone portable ou bouteille à la mer
Il y avait ces fameuses et délicieuses histoires de bouteilles à la mer .Ces récipients de verre que l’on apercevait flotter à la surface de l’écume. Par une promenade matinale au bord de l’eau, on se précipitait entre deux eaux pour attraper le bouchon. Il y avait parfois un petit papier avec une adresse, une carte ou un poème. Profitant des courants et des aléas, le message mettait des années, des siècles à franchir l’espace-temps.
Avec les nouvelles technologies, cette mode a perdu de son succès et c’est le portable que l’on retrouve au fond des filets de pêche. Ils ne portent pas de trésor ou de poèmes, ils gardent en eux le souvenir amer du dernier contact avec le passeur, des derniers appels aux proches .La plongée dans l’eau froide .Les cris, la fin qui guette et ce téléphone que l’on sent filer lorsque résister est vain.
Cette bouteille à la mer ne se faufile pas très bien à travers le temps. Les caprices de la mer sont ses derniers linceuls
Cette sépulture moderne que l’on retrouve sur une plage ensoleillée devrait nous interpeller sur le drame climatique qui se joue chaque jour en face de nous.
Un drame qui verra bientôt les téléphones portables se vendre à la criée.
Igor deperraz