Et Berlin-Ouest dans tout ça
Quand on pense à la chute du mur de Berlin, on pense immédiatement à ce grand mouvement historique qui devait amener le peuple allemand à se réunifier et à faire de cette ville coupée en deux, la nouvelle capitale d’une Allemagne apaisée.
La réunification ne s’est pourtant pas faite sans mutiler Berlin-Est et ouest d’une identité toute particulière dans l’Europe continentale. Berlin-Ouest, avant la chute du mur est une cité sans État, sans autre perspective que d’exprimer le mieux du capitalisme. C’est une ville à part dans l’Allemagne de l’Ouest qui, dans les faits, s’est largement émancipée de l’idéal libéral et capitaliste .
On y trouve de tout, du meilleur au pire, des junkies, de la marijuana à tous les étages, de la musique underground, un grand mouvement de Streets art. C’est le refuge des tupamaros de tout poil vivant en communauté à l’abri des poursuites judiciaires. Beaucoup d’objecteurs de conscience y ont élu domicile. Pour les plus politiquement incorrects ; voir l’affaire Klaus Croissant et Sartre, la tentation de passer à l’Est est une porte de sortie.
Dans ce bouillonnement intellectuel, vivre à Berlin-Ouest est une expérience unique pour une jeunesse sevrée aux trente glorieuses .Vivre Berlin-Ouest, c’est repenser la cité et faire de l’espace publique, un vrai travail collectif. À la chute du mur de Berlin, et à la réunification qui a suivi, l’Europe a perdu son plus grand centre urbain d’expérimentation sociale. Qu’est donc devenue cette grande métropole.
Une simple capitale européenne, chantre du capitalisme libéral et consensuel .Un bunker de la pensée occidentale à ciel ouvert.
Igor Deperraz