Les raisins de la colère de Sivens
Sivens , un nom qui restera attaché au décès d’ un jeune étudiant toulousain .Un mort de trop . Une retenue d’eau qui n’aurait jamais du susciter autant de polémique si le Conseil général avait montré plus de professionnalisme dans la gestion de ce dossier. Le matin du drame, la préfecture avait compris que le passage en force et en violence avait fait monter les semaines précédentes la colère des militants. Elle prenait acte pendant la réunion avec les organisateurs de la nécessité d’éloigner les forces de l’ordre. Les militants sur place avaient vu leurs affaires brûlées par les forces de l’ordre. Gille Olivet en grève de la faim depuis 57 jours sortait épuisé de cette épreuve avec la même ténacité et la même lucidité que les autres contestataires. Des opposants, néoruraux à qui l’on ne raconte pas d’histoire à la petite semaine. Une opposition qui démontrait, chiffres et textes réglementaires à l’appui que la bureaucratie avait surestimés les besoins et sous estimés les projets alternatifs.
Dans le même temps, la nécessité de piéger l’eau douce dans le sud apparaissait comme une mesure de bon sens et la question que je posais à une responsable de l opposition « l’eau du barrage peut elle être soumise à la transformation de l’agriculture intensive à une agriculture raisonnée »ne reçut pas de réponse .Le mouvement écologiste voulait en découdre avec le Président du Conseil général P.-S. du Tarn.
Et si toute cette virulence était due à mise à l’écart du gouvernement de Cécile Duflot qui avait obtenu un moratoire sur ce type contestable de retenue ?
Comme lors de ces rassemblements, l’humeur était vagabonde et bon enfant, mais était-il judicieux de maintenir un si faible effectif de gendarmes sur les lieux ? Soit la préfecture protégeait le site avec un effectif à la hauteur de l’évènement, soit elle retirait les forces de l’ordre.
Les jeunes qui allaient affronter les forces de l’ordre le soir étaient comme tous les jeunes de toutes les époques en froid avec l’autorité .L’impuissance policière allait leur donner l’occasion de déchaîner une violence inouïe. L’irréparable n’était pas loin et finalement arriva.
Une bataille pour l’eau qui fait un mort, des portiques pour l’écotaxe qui déchaîne la violence des bonnets rouges, une taxe sur les poids lourds qui entraîneront des mouvements de protestations et de blocage..L’écologie et la gestion des ressources sont un terrain qui apparaît bien éloigné de la compétence des politiques.
Tout le monde dans cette affaire semblait avoir mis de l’eau dans son vin, mais il est peut-être d’autres enjeux plus politiques qui auront entraîné cette radicalisation. Comme le dit Cécile Duflot , elle a été virée du gouvernement …Les agriculteurs y sont-ils pour quelque chose?
Il est à craindre que le politique ne s’investisse plus dans aucun projet d’avenir en matière de fiscalité écologique ou de gestion de la ressource commune. Les écologistes auront remporté une bataille à la Pyrrhus
Igor Deperraz
Gaillac