Harcèlement chez René
René S. est ouvrier. En tant que représentant syndical, il a toujours défendu ses collègues sans jamais penser à lui. Balayant sa vie au gré des commissions et des réunions, sa carrière professionnelle en a pâti. Aujourd’hui à quelques mètres de la Retraite, c’est lui qui que l’on convoque devant une commission disciplinaire. « En 1O minutes j’ai gâché toute une vie ».Il a comme il dit « pété les plombs ». 1O minutes d’égarement parce qu’il n’arrivait pas à exprimer ce qu’il avait sur le cœur.
Comme lui, des milliers de représentants syndicaux subissent ou affrontent ces petites vexations du quotidien. Fréquentant des Ministres ou des Enarques, ils sont la proie de leur supérieur hiérarchique. René pense ouvrier et il le revendique. Son syndicalisme lui a donné accès à la culture et chaque fois qu’il peut, il profite de son déplacement à Paris pour voir un spectacle ou un concert.
Proche de la retraite, on a aujourd’hui du mal à mettre un visage sur son nom dans son propre syndicat. C’est aussi ça, le problème des séniors, leur éloignement inévitable avec leur réseau social. Bien entendu, il ne veut pas que l’on parle de tout cela et une fois de plus ce cas de harcèlement moral se jouera dans le huis clos d’une commission.
Car en France, si un syndicalisme est protégé pendant son mandat, il reste vulnérable après .En repoussant toujours plus l’âge de la retraite, beaucoup d’anciens syndicalistes seront victimes d’agissements hors norme de leur hiérarchie tant que le législateur ne reconnaitra pas l’utilité publique de ces médiateurs ou passeurs de conflit
Igor deperraz