Corbeille des mots Corneille des os
Tout le monde a oublié qu’au début des PC, il n’y avait de « corbeille » que sur les ordinateurs de Steve Job. Cette l’interface visuelle à l’image d’un bureau réel a obligé la « fenêtre » à copier cette boite magique qui permet à la fois de jeter et de récupérer. Une simple icône sur un écran qui a conquis les switchers- surfeurs du Monde entier. Comment imaginer aujourd’hui un ordinateur sans l’extrapolation de la corne en osier agricole qui servait à récupérer la bouse de vache pour assurer la continuité du foyer. Le mot corbeille avait une image assez négative de part le geste ancestral qui précédait la remise du document en son contenant. Froissé, écrasé dans la main puis vulgairement jeté.
C’est le chemin naturel que prenait les textes qui pour différentes raisons ne nécessitaient pas plus d’attention. Confronter à une explosion textuelle de ses lecteurs, la Presse a longtemps hésitée à mettre à la corbeille les égo-productions de ses apprentis journalistes. Ne pas froisser avant de jeter n’est pas un geste naturel pour un lancer efficace.
On inventa donc le blog Haussmannien, celui qui accueille en son sein la bouse textuelle qui permet de ne pas refroidir les relations. Une compilation digne du « désert des tartares »pour réchauffer les espaces virtuels peuplés d’Elfes lecteurs et de trolls rédacteurs. N’y avait-il pas plus de noblesse dans la presse papier et de force lorsque le papier prenait son dernier envol pour la « corbis »au pied de son lanceur. Une poésie du geste et un dernier voyage pour des mots qui aujourd’hui connaissent l’ère glaciaire du vide cybernétique… ne profitant pas finalement de ce dernier moment sous le bureau pour lancer un regard furtif sur l’origine « Du Monde ». igor deperrraz