Toute nue à Montréal
Se promener toute nue ou tout nu à Montréal pour manifester contre l’augmentation des droits de scolarité est une forme de revendication politique qui ne manque pas de charme et n’est pas sans rappeler le début du mouvement Hippie de la fin des années 60. Jamais nos sociétés, depuis l’invention du textile n’ont fait du « tous à poil » une forme d’expression citoyenne aussi aboutie.
Les calendriers de pompiers puis d’enseignants ont porté haut la nudité. Il n’y a plus aujourd’hui de happening sans mise à nu ou d’artistes qui ne recherchent la performance dans les rues des grandes villes. Sortir nu de sa douche dans une chambre d’Hôtel à New York et faire de son sexe le totem des dérives de la mondialisation a même pu être considéré comme un acte politique manqué.
Le vêtement n’étant plus un signe de distinction, le corps dans son affirmation la plus festive s’affirme comme le nouveau territoire revendicatif d’une jeunesse en quête de nouveaux modes de contestation. Le piercing et le tatouage ont eux aussi largement contribué à démocratiser un corps autrefois tabou.
La revendication citoyenne passera t-elle par le « tous à poil à la Bastille » ? Et donc pour reprendre le slogan des étudiants québécois « Toutes nues à Paris ».à suivre…
Cette forme active de revendication corporelle qui impose le corps fragile contre la dureté de l’Etat castrateur pourrait devenir une redoutable arme générationnelle.
Il y a dans cette affirmation de la jeunesse, un regard provocateur et déstabilisateur sur une société qui refuse de laisser sa place aux jeunes. Une société qui dissimule sous d’amples vêtements les excès de la consommation. Cette lutte intergénérationnelle fera du corps le livre ouvert des revendications politiques pour mieux en sublimer les contours et ramener le regard sur cette nudité crue.
Igor deperraz telephone 07 77 32 01 19